Le baptême du Seigneur
Abbé Jean Compazieu | 3 janvier 2010
Jésus plongé dans notre humanité
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L’évangile de ce dimanche nous annonce une bonne nouvelle de la plus haute importance. Nous y voyons Jean Baptiste qui propose à la foule de se faire baptiser en signe de pénitence. Il les invite à se purifier de leurs péchés pour être dignes d’accueillir Celui qui les baptisera “dans l’Esprit Saint et dans le feu.” A travers tous ces gens, saint Luc nous invite à découvrir l’immense foule des hommes pécheurs qui, tout au long des siècles, aspirent au baptême. C’est toute la foule des hommes pécheurs, qui souvent inconsciemment, aspirent à une vie meilleure.
Or voilà que Jésus arrive et demande à recevoir ce baptême proposé par Jean Baptiste. Pourtant, il n’a pas de péché à se faire pardonner. Il ne cherche pas non plus à faire comme tout le monde. S’il se présente à Jean Baptiste c’est pour rejoindre cette foule de pécheurs qui supplient Dieu de les apaiser. Il vient se mêler à eux, il se montre solidaire d’eux. En recevant ce baptême, Celui qui est sans péché s’immerge dans l’eau boueuse de l’humanité pour la purifier à son contact. Il ressort de cette eau, porteur de tous les péchés des hommes. Il veut nous entraîner tous à sa suite pour faire de nous un peuple d’enfants de Dieu.
Après son baptême, nous voyons Jésus en prière, entièrement tourné vers Dieu. Il nous montre ainsi le chemin de la vraie conversion. Il nous entraîne dans un dialogue filial avec le Père. Nous convertir c’est nous détourner de nous-mêmes et nous tourner vers Dieu. Ce n’est plus vers nous-mêmes que nous regardons mais vers Dieu. Cette conversion ne sera jamais acquise une fois pour toutes. Elle sera à recommencer tous les jours jusqu’à la fin de notre vie. Mais pour cette montée, nous ne sommes pas seuls. Le Christ est toujours là pour nous guider et nous apprendre à nous unir à sa prière.
L’évangile de ce jour nous rapporte un événement surprenant : au cours de cette prière de Jésus, “le ciel s’ouvrit”. Qu’est-ce que cela veut dire ? Ceux qui connaissent la Bible savent que dans un texte de l’ancien Testament, nous lisons cette prière du prophète : “Ah ! Si tu déchirais les cieux et si tu descendais !” Voilà qu’aujourd’hui, cette supplication est exaucée ; les cieux se déchirent ; la voix de Dieu se fait entendre ; les relations sont de nouveau possibles entre le ciel et la terre. Avec Jésus, la foule des pécheurs est devenue le peuple de Dieu ; l’Esprit Saint qui inspirait sa prière, inspire maintenant la nôtre. En Jésus, le Père peut désormais nous reconnaître comme ses enfants.
Le problème c’est qu’on a maintenant l’impression que les cieux se sont bien refermés. Le silence de Dieu se fait pesant dans les camps de concentration, dans les maladies, les catastrophes et les violences qui frappent les innocents. Des prières porteuses de douloureuses souffrances ne reçoivent pas de réponse. C’est là qu’il nous faut revenir à l’évangile de ce jour : Si Jésus a voulu être immergé dans ce monde de souffrances, c’est pour plonger dans cet amour qui le poussait vers Dieu et ses frères. Il attend de nous la même démarche. Il veut se servir de nos yeux, de nos mains et de notre cœur pour travailler ensemble à la construction d’un monde plus juste et plus fraternel, un monde de fils et de filles de Dieu.
C’était l’inspiration des mouvements d’action Catholique : Les militants étaient invités à rejoindre leur milieu pour y être porteurs de l’amour qui est en Dieu. C’est la même démarche qui inspire des chrétiens quand ils vont visiter des personnes malades sur leur lit d’hôpital ou chez eux. Nous pensons aussi aux visiteurs de prisons, aux éducateurs qui rejoignent les jeunes dans leur quartier. Le Seigneur nous envoie tous pour témoigner de l’espérance qui nous anime. Alors les cieux s’ouvriront. La Lumière jaillira dans le cœur des hommes.
Voilà donc ce baptême de Jésus plongé dans notre humanité avec son poids de péché, de souffrance et de mort. C’est Dieu lui-même qui vient jusque dans notre poussière. Un jour, Jésus se mettra à genoux devant ses disciples pour enlever la poussière de leurs pieds. Le Christ n’a pas changé. Il continue à s’immerger dans notre humanité pour y déposer l’amour du Père. Et par nous, il veut continuer à rejoindre tous les hommes.
Avec le baptême chrétien c’est nous qui avons été plongés dans l’amour de Dieu. Avec lui, les cieux sont toujours ouverts pour nous. Il nous suffit d’accueillir Jésus dans notre vie. Il ne supprime pas le mal ni la souffrance ni la mort, mais il leur enlève le pouvoir de dire le dernier mot. Ce monde si douloureusement blessé par tant de pauvreté, de violences, de guerres et de catastrophes, Dieu l’aime passionnément. C’est au nom de cet amour qu’il nous a envoyé son Fils unique, pour nous entraîner dans la vie éternelle.
Dieu notre Père, en Jésus, tu manifestes ta tendresse pour tous les hommes. Nous te bénissons pour tant d’amour. Que ton Esprit Saint nous rappelle notre baptême ; et que la joie de croire l’emporte toujours sur tous les doutes et sur toutes les déceptions. Amen.
D’après diverses sources
J’ai reçu la foi en le Seigneur d’une manière bouleversante. Mais parfois, il se montre très discret lorsque je suis emportée par le tourbillon des fêtes qui viennent de se terminer. Mais, je sais ce qui vient de Lui dans mes actes et mes paroles.
En même temps, je me pose la question de ce que je mets en oeuvre dans la journée pour me rendre présente à l’Esprit. Je regarde aussi quel temps de prières je prends pour Lui dire ma disponibilité. Je lui ouvre aussi à chaque instant ce qui tisse mes activités, mes engagements et mes relations.
Bien sûr, chaque jour est pour moi une nouvelle conversion : mais je peux me convertir à chaque minute si le besoin s’en fait sentir !
Le Seigneur n’enlève certes pas la souffrance mais incontestablement, il aide à la supporter. Et parfois, il la supprime. J’ai un exemple tout frais : Jean-Yves mon fils a une rhino-pharyngite et le médecin lui a prescrit trois jours d’arrêt de travail. Mais mon fils a trouvé le courage d’aller travailler malgré la douleur. MERCI SEIGNEUR car Jean-Yves vient de commencer un travail et il serait vraiment très mal vu de s’absenter.
Seigneur, en te plongeant dans l’eau du baptême, tu as pris tout nos péchés sur tes épaules. Eh bien, sache qu’en reconnaissance, je M’EFFORCE VRAIMENT de faire le moins de péchés de manque d’amour, possibles.
Seigneur, parle, ta servante écoute.
Christiane
Jésus a été baptisé et moi je reçois un nouveau baptême chaque fois que je vais me confesser. Il faut me voir lorsque je sors de la confession : une formidable joie m’inonde, je souris à tout le monde, bref, je suis très heureuse.
Les homélies qu’il nous envoie sont vraiment des homélies qui aident à vivre dans le monde d’aujourd’hui!
Merci, Père!
Celui qui nous préoccupe aujourd’hui, cité dans l’Evangile (Luc, 3, 15-16. 21-22), fait suite d’ailleurs à un autre baptême inauguré par Jean Baptiste, effectué dans le Jourdain en Israël. Il comportait une plongée dans l’eau, symbole de purification et de vie. Il se voulait « baptême de pénitence » en attente du Messie, envoyé par Dieu pour le salut du monde entier. Dans cette attente Jean était interrogé pour savoir s’il « n’était pas le Messie ». Humblement il reconnaissait «ne pas être digne de défaire la courroie de ses sandales ». Son annonce ? Il vient, « Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu ».
L’extraordinaire c’est que Jésus lui-même demande à Jean son baptême. Il est sans péché ! Alors ? Jésus a pris sur lui d’expier tous les péchés de l’humanité et, ce que le baptême de Jean ne pouvait réaliser, le sien donnera le pardon divin pour une vie nouvelle, vécue dans l’Esprit Saint et le feu d’un amour obligatoire pour être sauvé. Ce sera le baptême chrétien dans son Eglise !
« Alors le ciel s’ouvrit » et se fait entendre une voix du ciel : « C’est toi mon Fils bien aimé, en toi j’ai mis tout mon amour ». Jésus est vraiment le Messie attendu. Il est même Fils du Dieu unique. Rempli de tout son Amour il fait de Lui Dieu parmi nous.
« L’eau et l’Esprit te rendent témoignage, Seigneur de gloire » (refrain du Psaume). Cela s’applique au sacrement du Baptême chrétien. L’action de l’eau baptismale est un geste humain voulu par le Christ pour son sens de purification et de vie, mais il ne faut pas oublier l’Esprit d’amour !
Dans sa lettre à Tite (2ème lecture), par Jésus Christ, St Paul indique que « la grâce s’est manifestée pour le salut de tous les hommes ». Il signale aussi les effets du baptême : « par lui le péché est rejeté » – la vie prend son sens « pour attendre le bonheur, espéré dans la gloire du Christ », « notre grand Dieu et notre Sauveur ». L’Apôtre rappelle : « il s’est donné pour nous », pour constituer « son peuple, un peuple ardent à faire le bien ». Dieu « dans sa miséricorde », sans tenir compte « d’actes méritoires », « par le bain du Baptême il nous a fait renaître … renouvelés dans l’Esprit Saint ». Par Jésus, cet Esprit est répandu dans nos cœurs « avec abondance ». Nous devenons « des justes » avec espérance de vie éternelle.
« Monte sur une haute montagne (celle de Dieu) toi qui portes la bonne nouvelle ». « Elève la voix, ne crains pas ». Dis : « Voici votre Dieu ». « Comme un berger, il conduit son troupeau ». « Il rassemble ses agneaux, les porte sur son cœur ». Ces paroles du prophète Isaïe (1ère lecture) s’appliquent au Christ. Ne conviennent-elles pas aussi à tous ses disciples qui, dans l’Eglise sont chargés d’annoncer la Bonne Nouvelle et d’en être des témoins par leur vie ?
Quelques constatations ?
Pour les parents chrétiens ! Qu’ils n’hésitent pas à faire donner le baptême à leurs enfants dès leur plus jeune âge. Ils reçoivent, même sans en avoir conscience, l’Esprit d’amour dont ils auront à vivre en étant éduqués en ce sens. Plus âgés, capables d’approuver, oui ou non, ce don divin, ils auront normalement par le sacrement de confirmation, à affirmer leur foi en Jésus Christ.
Ridicule, disons-le, l’attitude de certains réclamant l’effacement d’un nom de baptisé sur le registre de son inscription. Ecris-t-on à la mairie pour effacer la mention d’une naissance ?
A savoir : Il vaut mieux aimer sans baptême qu’être baptisé sans aimer ! C’est dans le don de soi que le baptême prend sa signification. Mais informé judicieusement, comment ne pas recevoir ce don merveilleux de rencontre avec le Christ qui ôte les péchés du monde ?
Pour la paix, la sauvegarde de la Création, la renaissance d’une vie dans le Seigneur, être sauvé, le Baptême est offert. Pour en prendre conscience invoquons Marie, chemin vers son Fils et notre mère du ciel !
Jésus donc, aux bords du Jourdain, se glisse dans la file de ceux qui demandent à recevoir le baptême des mains Jean Baptiste. Lui qui n’a pas de péché à se faire pardonner, vient rejoindre la foule de pécheurs qui supplient Dieu de les apaiser. Celui qui est sans faute s’immerge dans l’eau boueuse de l’humanité pour la purifier à son contact. Il ressort de cette eau, porteur de tous les péchés des hommes. Il veut nous entraîner tous à sa suite pour faire de nous un peuple d’enfants de Dieu.
Après son baptême, nous voyons Jésus en prière. Et c’est à ce moment que Luc nous le montre en train de recevoir le témoignage que le Père lui rend. Les cieux s’ouvrent, le ciel et la terre communiquent à nouveau, une voix retentit : « Tu es mon Fils bien-aimé. » (Luc 3, 22.) Et avec cette voix, vient aussi l’Esprit.
Il nous montre ainsi le chemin de la vraie conversion. Il nous entraîne dans un dialogue filial avec le Père. Nous convertir c’est nous décentrer de nous-mêmes en nous tournant en fils aimant vers le Père. C’est une conversion jamais acquise une fois pour toutes. Elle est à recommencer tous les jours jusqu’à la fin de notre vie. Mais nous n’y sommes pas seuls. Le Christ est toujours là pour nous apprendre à nous unir à sa prière et devenir ainsi de plus en plus des enfants de Dieu.
Le problème c’est qu’on a maintenant l’impression que les cieux se sont bien refermés. Le silence de Dieu se fait pesant dans les camps de concentration, dans les maladies, les catastrophes et les violences qui frappent les innocents.
C’est alors qu’il nous faut revenir à l’évangile de ce jour : Si Jésus a voulu être immergé dans ce monde de souffrances, c’est pour plonger dans cet amour qui le poussait vers Dieu et ses frères. Il attend de nous la même démarche. Il veut se servir de nos yeux, de nos mains et de notre cœur pour travailler ensemble à la construction d’un monde plus juste et plus fraternel, un monde de fils et de filles de Dieu.
Le baptême de Jésus le plonge dans notre humanité avec son poids de péché, de souffrance et de mort. En Lui, c’est Dieu lui-même qui vient jusque dans notre boue. Un jour, Jésus se mettra à genoux devant ses disciples pour leur laver les pieds. Le Christ n’a pas changé. Il continue à s’immerger dans notre humanité pour y déposer l’amour du Père. Et par nous, il veut continuer à rejoindre tous les hommes.
A notre baptême, nous avons été plongés dans l’amour de Dieu. Les cieux sont toujours ouverts pour nous : il nous suffit d’accueillir Jésus dans notre vie. Il ne supprime pas le mal ni la souffrance ni la mort, mais il leur enlève le pouvoir de dire le dernier mot. Ce monde si douloureusement blessé par tant de pauvreté, de violences, de guerres et de catastrophes, Dieu l’aime passionnément. C’est au nom de cet amour qu’il nous a envoyé son Fils unique, qui à travers nous, vient faire basculer toute l’humanité dans la vie éternelle.
A part la fugue à 12 ans, plus rien n’est dit des longues années suivantes, appelées “années obscures de Jésus”. Le seul événement certain qui a dû se produire et dont on ne dit rien, c’est la mort de Joseph puisqu’il n’interviendra plus par la suite. Jésus a repris l’atelier de son père et il vit avec sa mère en restant célibataire. Les temps sont durs, la misère est grande, le joug romain impitoyable. On vit pauvrement dans la petite maison de Nazareth: existence simple, nourriture frugale. Mais quelle joie profonde et inaltérable entre mère et fils: comment imaginer leur communion ? Pourtant rien n’apparaît chez les voisins: ils participent à la vie du village, partageant joies et peines et, chaque sabbat, tous se retrouvent à la synagogue pour la grande prière. Les lectures de la Torah et le chant des psaumes entretiennent l’espérance du Messie. ” Ah si tu déchirais les cieux et si tu descendais !” ( Isaïe 63, 19 ).
Jésus a maintenant bien plus de 30 ans (il doit être né 5 ou 6 ans plus tôt que l’on n’a dit et on doit être en l’année 28 de notre ère): pas question de décider soi-même le moment d’agir. Il faut attendre le signal de Dieu. Or, un jour, la rumeur se répand: un prophète s’est levé ! Iohanan annonce l’arrivée imminente du Messie ! Seul ou avec quelques autres, Jésus décide d’aller voir. Jean s’est installé sur la rive gauche du Jourdain. Là où arrivèrent les esclaves hébreux avec Moïse, là où Moïse mourut, là aussi où plus tard le grand Prophète Elie disparut pour être enlevé au ciel, là également où les déportés à Babylone revinrent après un long exil. Le 3ème et dernier exode va se réaliser.
Par ses annonces de la fin du monde, ses exhortations violentes, Jean fait forte impression !
Le peuple venu auprès de Jean était en attente et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Messie. Jean s’adressa alors à tous : ” Moi je vous baptise avec de l’eau; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu”.
Au moment où Luc écrit son évangile (années 80-85), et longtemps encore par la suite, beaucoup tenaient encore Jean pour le véritable Messie puisque Jésus s’était présenté comme son disciple; ils pratiquaient son baptême, signe d’entrée dans la secte des “baptistes” qui perpétuaient la mémoire du Maître disparu.
Mais les évangélistes insistent très fort sur l’immense fossé qui sépare les deux hommes. Même s’il a rompu avec le temple et ses sacrifices, même s’il baptise, Jean reste un homme du Premier Testament. Il prêche, il exhorte, il pratique un rite de purification, il presse les gens de prendre de bonnes résolutions…mais on demeure au niveau de la Loi: on écoute et on admire un enseignement que l’on reçoit comme une leçon à mettre en pratique. Or toute la Bible montre l’échec perpétuel de cette façon de faire: la faiblesse de l’homme est telle qu’il ne pourra jamais être totalement fidèle. Et Jean, très humble, très conscient, l’explique à la foule: entre moi et “celui qui vient”, il y a un abîme plus grand qu’entre un seigneur et son esclave. Jésus baptisera et redira un enseignement très semblable au mien mais lui seul pourra communiquer l’Esprit, la Force de Dieu. Sa Parole ne donnera pas seulement une leçon de morale: elle fournira la puissance de la réaliser.
Beaucoup de baptisés chrétiens n’ont pas compris cette différence abyssale. Ils tiennent l’Evangile pour un enseignement que l’on écoute et que l’on doit mettre en pratique. Sans guère d’effet. S’il s’agissait seulement d’apprendre la conduite à tenir comme chrétien, la messe s’achèverait après l’homélie. On serait comme dans une salle de cours: “voici ce qu’il y a à faire, faites-le”.
Comme tout le peuple se faisait baptiser et que Jésus priait, après avoir été baptisé lui aussi,
alors le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint descendit sur Jésus, sous une apparence corporelle, comme une colombe.
Du ciel une voix se fit entendre: ” C’est toi mon fils: moi aujourd’hui je t’ai engendré”
Jésus a effectivement reçu le baptême de Jean mais remarquez l’expression de Luc: il ne raconte même pas le geste de Jean. L’essentiel n’est pas tant le rite mais l’attitude de Jésus ensuite: IL PRIE.
Car il faut éviter le danger sans cesse menaçant de “magie” ( accomplir un acte sacré en estimant qu’il va agir de lui-même). Accepter la plongée dans l’eau est un engagement qui appelle l’homme non pas à se croire quitte (“je suis en règle”) mais à se présenter comme disponible à Dieu. Jésus ne parle pas: il se tient là, nu, ruisselant, offert à Dieu: ” Me voici, Seigneur, je viens faire ce qui te plaît”( Psaume 40, 9 )
Alors se produit la merveille: Dieu donne l’Esprit et vocation à son Fils.
L’Esprit de Dieu, la “ruah”, c.à.d. le Souffle, le Vent, la Force, l’Inspiration de Dieu investit Jésus. “Comme une colombe”. La note n’est pas que pittoresque. Au début de la Genèse, dans le tohu-bohu initial, il était écrit que ” le souffle de Dieu planait à la surface des eaux” comme pour susciter et protéger la création qui allait surgir. (Gen 1, 2). Le baptême avec le don de l’Esprit n’est donc pas une cérémonie, une simple purification, un bain rituel, mais une NOUVELLE CREATION. La Loi admonestait, exhortait, apprenait, corrigeait: l’Esprit RECREE !
Et, 2ème référence, la colombe (IONA) est l’animal symbole d’Israël (Lecture symbolique du Cantique des cantiques): Jésus accepte donc d’assumer son peuple, il s’engage à le porter, à le supporter, à le représenter. Le baptême n’est pas une élection privée mais une charge en vue de la communauté.
Jésus entend une voix (celle de son PERE évidemment) qui cite le psaume 2 où on ne parle pas de la naissance mais de l’investiture royale du Messie: ” Tu es mon Fils: aujourd’hui je t’engendre”. Fils de Dieu, Jésus l’est de toujours, il est né tel ( Annonciation: Luc 1, 35). Ici il reçoit son ordre de mission. Le temps de Nazareth est terminé et “aujourd’hui”, tout de suite, le Royaume de Dieu est remis entre les mains de Jésus Messie.
Mais comment agir ? L’appel ne précise aucune modalité. C’est pourquoi Jésus, au lieu de retourner chez sa mère, va s’enfoncer dans le désert pour y réfléchir sur la façon de réaliser sa mission. Ensuite il regagnera sa province et Luc montrera comment le baptême était bien une onction d’Esprit: “Jésus, avec la puissance de l’Esprit, revint en Galilée…il enseignait dans les synagogues et tous disaient sa gloire…Il vint à Nazara où il avait été élevé. Le sabbat, à la synagogue, on lui présenta le livre du prophète Isaïe et il lit : “L’Esprit du Seigneur est sur moi parce qu’il m’a conféré l’onction pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres” (Luc 4, 14-18)
Au-delà du baptême d’eau, Jésus a été OINT d’ESPRIT DIVIN. Il est donc le OINT = le MESSIE consacré par l’Esprit pour annoncer l’Evangile. Dans les Actes, Luc répètera: baptême = Onction d’Esprit. L’apôtre Pierre voit que l’Esprit est donné à des Romains, ces païens honnis, et il raconte
“C’est lui, Jésus, qui est le Seigneur de tous. Vous savez ce qui s’est passé à travers tout le pays des Juifs depuis les débuts en Galilée, après le baptême proclamé par Jean. Jésus de Nazareth, Dieu l’a consacré par l’Esprit-Saint et remplit de sa force. Là où il passait, il faisait le bien et il guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du démon” ( Actes 10, 38 = 2ème lecture )
NOTRE BAPTEME
— Sacrement de la foi, rite d’entrée dans l’Eglise, le baptême est conformation au Seigneur Christ:
“…Par le baptême, en sa mort, nous avons été ensevelis avec lui afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la Gloire du Père, nous menions nous aussi une vie nouvelle “.
Aujourd’hui il nous faut relire et méditer cette magnifique mystique du baptême développée par Paul (Lettre aux Romains chap. 6). Etre baptisé, c’est entrer dans le mystère pascal.
— Longtemps à forte majorité de baptisés (mais n’hésitant pas à s’étriper et à déclencher les guerres les plus sanguinaires de l’histoire !!!), nos pays occidentaux voient la pratique s’effondrer: on baptise 2/3 des enfants en Belgique, seulement la moitié en France. Faut-il s’en plaindre ? Car d’autre part les demandes de baptêmes d’adultes sont en progression constante ( parfois même de musulmans). Ces nouveaux convertis, à condition que le rite ne soit pas du conformisme, ne pourraient-ils apporter un sang neuf à nos communautés souvent assoupies ? N’avons-nous pas besoin de nous entendre dire par des laïcs transformés par leur baptême: ” Reconnaissez donc, ô baptisés, votre dignité !! Rendez-vous compte de qui vous êtes ! Pratiquons ce que nous sommes devenus !!!”
— Le baptême n’est pas une cérémonie familiale, la bénédiction d’un nouveau-né mais l’entrée dans l’Eglise en tant que communauté concrète, locale. C’est le responsable local qui préside….et la paroisse se doit de manifester qu’elle est heureuse d’accueillir un nouveau membre.
— Comme le récit du baptême de Jésus le manifeste, le baptême donne vocation: “Tu es devenu enfant de Dieu, voici la tâche à laquelle je t’envoie”. Est-ce que la paroisse ose proposer des missions urgentes ?…
R. D , dominicain
– A Noël, il a été manifesté aux bergers et, à travers eux aux pauvres, ceux d’autrefois et ceux d’aujourd’hui.
– Le jour de l’épiphanie, il est manifesté aux mages venus d’Orient, et à travers eux à tous les étrangers, ceux d’autrefois et ceux d’aujourd’hui
– Le jour de son baptême, il est manifesté aux hommes pécheurs qui supplient Dieu de les apaiser, ceux d’autrefois et ceux d’aujourd’hui.
C’est une manière de dire que Jésus est venu pour tous les hommes du monde entier. Son Salut est offert à tous. La conséquence logique, c’est que nous ne devons pas rejeter les petits, les pauvres, ni les étrangers, ni ceux qui ont un passé lourd. Ils sont tous appelés à Jésus.Il tient à chacun comme à son bien le plus précieux
Les cieux se déchirent… C’est Jésus qui fait sauter nos verroux, qui pénètre nos coeurs, nous délivre de nos péchés, de nos angoisses, nous apporte sa paix qui nous enveloppe et nous redonne vie et joie.
L’Esprit du Seigneur te marque de son onction. Que Jésus te bénisse et t’enveloppe de sa tendresse, qu’il te ggarde.Bonne année, Jean.
Maryse